S’unir à l’Absolu.
Un mantra chanté au creux du Silence, un derviche tourneur qui imite la danse de l’Univers, un méditant au bord de l’eau qui s’abandonne aux bras de l’Absolu, un être qui dépose ses genoux puis son front sur le Sol pour s’incliner devant ce qui n’a pas de Nom, un renonçant qui abandonne les préoccupations du corps pour faire de son esprit une lanterne, une yogi qui offre son existence pour faire le bien des êtres, un homme qui prie sans rien attendre, des mains qui apaisent, des yeux qui disent « je suis là », le souhait de servir le Bien quitte à perdre son manteau d’illusions. S’unir à l’Absolu.
Nous sommes les fils et filles de l’Absolu . Nous sommes les enfants d’une Lumière qui ne s’éteindra pas. Nos vies humaines, nos manteaux de chair sont des bougies allumées dans le vent. Elles peuvent s’éteindre à tout moment. Ce que nous sommes est une Lumière qui ne s’éteindra jamais. Cette Lumière est un état d’Union. Cette Union, nous la cherchons tous, sans savoir qu’elle porte le nom d’Absolu. Je veux trouver ma place. Je veux savoir qui je suis. Je veux être libre de la peur. Je veux trouver l’Amour. Je veux connaître ma mission. Je veux trouver la Paix. Je veux maîtriser mon esprit. Derrière toutes ces quêtes, il y a un seul et même appel de l’Âme, il y a le souffle de l’Absolu.
Nous croyons à l’Illusion. L’illusion du temps et de l’espace. L’illusion d’être limités. L’illusion d’être un corps. L’illusion d’avoir un nom. L’illusion de posséder quoi que ce soit. L’illusion de contrôler quoi que ce soit. L’illusion de pouvoir être autre chose que ce que nous avons toujours été. Le Sans-Nom.
Aujourd’hui, je me suis endormie dans les bras de l’Absolu. Je l’appelle ma sieste divine. J’ai senti qu’il fallait dormir pour recevoir les mots. J’ai senti que j’étais les mots. Je n’étais plus un corps, je n’étais plus Sofia, je n’étais plus rien. Alors j’étais enfin moi-même.
J’ai vu que nos têtes sont pleines et nos mains avides. Et que la clé de notre libération est de remplir le 3ème pôle : le cœur.
Une tête pleine. A trop en savoir, à être sûrs de tout, on en devient ignorant
Des mains avides. A trop vouloir en posséder, à tout vouloir tirer à soi, on s’octroie un fardeau.
A se voir petit et misérable, on en devient mendiant de l’Absolu.
A se voir grand et magnifique, on en devient arrogant et esclave de l’ego.
En nous regardant dans le miroir de l’Absolu, on ne voit pas de visage. On voit l’Absolu. S’unir à l’Absolu.
Nous sommes le fils et filles de l’Absolu. Ce n’est pas hiérarchique. C’est une invention humaine. Nous sommes les milliers de lueurs qui émanent d’une seule et même source : l’Absolu. Lorsqu’on allume 1000 bougies à partir d’une première flamme, celle-ci ne s’affaiblit jamais. Ce feu-là se multiplie, se répand, se partage, sans brûler, sans détruire. Lorsque le feu n’est plus maîtrisé, il devient colère, avidité, tromperie, mensonge et illusions. Lorsque le feu est maîtrisé, il éclaire tout sans exception, comme un Soleil de connaissance. Il devient sagesse, amour, compassion, joie, contentement, noblesse. Tel est Ce que nous sommes.
En cherchant une place, un but, une appartenance, nous cherchons à retrouver le souvenir de cette origine absolue. Nous cherchons à en être le prolongement indéfectible. Aujourd’hui, puissent mes mains et mes actions être le prolongement de l’Amour inconditionnel. En ce jour, puissent mes paroles et mes pensées être le prolongement de la Compassion. En ce jour, puisse la Présence qui me traverse apporter la paix à tous les êtres. C’est cela s’unir à l’Absolu. C’est cela trouver le sens d’une existence qui n’est ni plus ni moins qu’une offrande.
S’unir à l’Absolu. C’est enlever un manteau d’illusions. Je ne suis pas ce corps. Je ne suis pas ces pensées. Je ne suis pas le mouvement en son sein qu’on appelle émotions. Je ne suis pas un métier, une liste à cocher, un rôle social. Je ne suis pas le fruit de la Limite. Je suis l’illimité ayant pris un visage. Un visage qui se fane. Un visage dont les sillons sont les souvenirs de rires, de doutes, de nuits éveillées, de jours éphémères, d’une danse dont la fin est contenue dans le début. On l’appelle la Vie.
La Vie n’est pas une tranche de temps découpée sur la face du firmament. La Vie est un mouvement au sein du Sans Mouvement. La Vie est la forme au sein du Non-Forme. La Vie est le temps au sein de l’Éternité. La Vie est une danse pour Celui qui n’a jamais bougé.
S’unir à l’Absolu.
– Quelle est mon essence profonde ?
– Amour.
– Où je vais ?
– Nulle part.
– D’où je viens ?
– Des bras de l’Absolu
– Qui me protège ?
– L’Amour.
– Qui sont mes parents ?
– La Sagesse et l’Amour.
– Qui me guide ?
– Le souffle de l’Absolu qui résonne lorsque tu te défais de tout manteau.
– Pourquoi ai-je oublié le présent
– Parce que tu crois être une limite.
– Que deviendrai-je si je lâche prise pour goûter à l’Absolu ?
– Tu mourras à toi-même. L’illusion mourra. Ses crispations. Ses peurs. Ses rôles. Ses certitudes. Tout fondra comme un morceau de glace déposé au Soleil. De glace, tu deviendras eau. Fluide, tu entreras dans le courant de la Vérité. D’eau, tu deviendras gaz, tu t’uniras à nouveau à ce qui ne se voit pas mais n’a jamais disparu.
– Pourquoi ai-je peur de mourir ?
– Parce que tu crois être ce que tu vois.
– Comment trouver ce que je suis ?
– En donnant un espace à ce qui regarde le monde s’agiter.
– M’aimera-t-on encore ?
– Tu es l’Amour, comment pourrais-tu manquer de toi-même ?
– Et si je ne veux pas ?
– C’est ce que tu es déjà.
S’unir à l’Absolu. S’unir à la Lumière qui ne vacille devant rien. S’unir à la force de l’Amour qui engloutit toutes les peurs. Au milieu du Vide, se déposer, à la fois noble et humble. Au milieu de la danse, laisser tourner les illusions, sans jamais se laisser emmener. Au milieu du Silence, entendre les mots qu’on ne peut prononcer. Tout est là, posé dans le creux de la main de l’Absolu.
Pour trouver l’Absolu, il faut trouver le 5ème élément : l’espace. Celui qui sous-tend les 4 autres et ne disparaît jamais. Les êtres trouvent l’espace dans la méditation, lorsqu’ils prient, seuls ou par milliers, lorsqu’ils remplacent la pensée par un mantra, un chant ou une louange, lorsqu’ils s’abandonnent au profit du bien d’autrui. Lorsqu’ils contemplent la splendeur du monde, ébahis et minuscules, pour voir que ce qu’il y a de plus grand s’appelle Amour.
S’unir à l’Absolu est une action, quelque chose à faire jusqu’à devenir un état d’Être. L’être humain. Celui qui, né de l’humus, trouve le Un par l’Être. Rien à faire ? Rien à s’approprier surtout. Rien à posséder. Rien à agripper. Rien à retenir. Juste Être. Ce qui est simple ne se voit pas.
S’unir à l’Absolu. Si tel est ton dessein, donne dans tes jours de la place au Silence, à l’introspection, à la Pleine Présence. Ne laisse pas les mouvements de l’impermanent, de ce qui disparaîtra tout te voler. Retrouve le cœur même de ton existence. Cette Vie est le support de ton élévation. S’unir à l’Absolu. Fais de chaque instant une occasion d’agrandir ton cœur.
T’unir à l’Absolu. Telle sera l’évidence lorsque tu auras englouti ce monde, les êtres et tout ce qu’il comprend dans un cœur plus vaste que tous les univers réunis. Lorsque ton Amour sera aussi grand que toutes les montagnes de l’Univers empilées, tu seras Absolu. Et le mot d’Absolu lui-même, sa Lumière, sa Bonté, sa Grâce, sa Sagesse et son Amour feront naître un lotus blanc. A la surface d’un lac aussi lisse qu’un miroir et aussi éclatant que le Soleil à son Zénith, naîtra un Souffle d’Éternité. Absolu.








